Si la crise du COVID-19 a eu un impact sur la vie quotidienne et professionnelle de tout un chacun, elle a évidemment aussi influencé de manière très sensible l’activité délictueuse sur le territoire cantonal, c’est une évidence. Il serait donc erroné de tirer des conclusions trop optimistes de la baisse marquée de la criminalité qui a été observée dans beaucoup de domaines disons traditionnels (cambriolages, braquages par exemple) tant la comparaison avec les années précédentes est biaisée.
En fait les baisses que consacreront les statistiques sont clairement dues à la réduction de la mobilité et à la diminution ou du moins la complexification des échanges sociaux , essentiellement dans la première partie de l’année. On pourrait presque dire que les fameux gestes-barrière anti-COVID ont aussi servi de gestes-barrière anti-criminalité. A noter , sur le plan spécifique des violences domestiques, que le semi-confinement décrété en Suisse n’a pas généré la vague de cas que l’on aurait pu redouter, dans notre canton en tout cas. Il n’en demeure pas moins que les violences domestiques demeurent un point d’attention majeur et préoccupant
Cela étant, les polices, dans cette phase, ont été fortement mises à contribution pour gérer la pandémie et exercer, en soutien de l’EMCC, de nouvelles missions spécifiques, puisqu’il s’agissait de faire respecter des normes inédites mises en place par la Confédération et le canton
En deuxième partie d’année, les mesures moins contraignantes pour les citoyens ont favorisé - si l’on peut dire ! - un retour à la normale de la délinquance. Il en est résulté une superposition de missions classiques et de missions dites COVID-19, générant un surcroît de travail qui n’a pu être que partiellement compensé par une plus grande disponibilité de personnel affecté à des tâches ordinaires ralenties ou même endormies par le phénomène COVID-19, à l’image des collaborateurs affectés à la gestion des grandes manifestations, sportives et culturelles, ou à la lutte contre le hooliganisme, lesquelles ont totalement disparu après les JOJ.
En définitive, 2020 a été, pour tous les policiers de ce canton, une année intense sur le terrain, rendue parfois difficile, les missions étant perturbées par le climat anxiogène entourant les interventions et par des prises de risques parfois inévitables sur le plan sanitaire, même si tout a été entrepris pour réduire ces risques au maximum.
A cet égard, grâce à une gestion rigoureuse des cas et un traçage spécifique mis en place à l’interne, le nombre de contaminations au sein de la police a toutefois pu être maintenu à un niveau raisonnable et leurs conséquences directes et indirectes n’ont jamais mis en péril l’action policière dans le canton.
Par ailleurs l’organisation mise en place à l’échelon policier durant la crise, qui avait pour but de garantir la mission sécuritaire sur tout le territoire cantonal indépendamment de l’état de contamination de l’une ou l’autre polices intercommunales, a très bien fonctionné grâce au concours de tous les acteurs. Il en est résulté une volonté affirmée par tous les partenaires policiers du canton de poursuivre au-delà de la crise COVID-19 une collaboration renforcée (« CoRe ») , dans le sillage de REGIO, soit du partenariat déjà existant avec la Police de l’Ouest lausannoi
Parmi les points positifs, à relever encore la pertinence démontrée des mesures prises par le Conseil d’Etat à fin 2019 pour limiter l’attractivité pour le grand banditisme des convoyages de fonds, puisqu’aucun cas ne s’est plus produit depuis leur mise en œuvre
Beaucoup moins réjouissante, la statistique fortement haussière des décès sur les routes vaudoises (29 contre 18), en dépit du travail de prévention effectué sans relâche dans ce domaine. Pour savoir si ce noir tableau est à mettre en relation avec un besoin pour l’usager de décompresser dans l’espace public et sur les routes en période de COVID-19, il faudra attendre de pouvoir faire des comparaisons avec les autres cantons. Cela dit l’année 2019 avait été particulièrement (exceptionnellement ?) « favorable » puisque l’année la précédant avait connu 24 décès.
Les objectifs assignés pour 2020 ont été atteints pour la plupart ou sont en passe de l’être (gestion intelligente des manifestations y compris de la « désobéissance civile », développement du concept REGIO en collaboration avec la Police de l’Ouest lausannois, déploiement du système d’information central des polices « ODYSSEE », avancement satisfaisant d’ECAVENIR, exercice de coordination de mobilisation avec les polices du canton). Les efforts doivent être poursuivis en ce qui concerne la féminisation des cadres, et la nécessité de convaincre l’autorité politique d’adapter les effectifs policiers à l’augmentation constante de la population résidente et pendulaire.