Concept Général de Formation

Passage à la pratique

Un vent nouveau souffle sur la formation des policières et policiers, désormais harmonisée au niveau suisse.

Jusqu’il y a peu, les aspirants vaudois obtenaient leur brevet fédéral de policier à l’issue de douze mois de cours à l’Académie de Savatan. Une fois qu’ils avaient rejoint la gendarmerie ou la sûreté, des parrains les accompagnaient dans la découverte du fonctionnement de leur corps respectif durant une année probatoire. Mais l’enseignement dispensé dans les écoles de police romandes ne répondait plus aux critères fixés par le SEFRI (Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation). Afin d’y remédier, le Concept Général de Formation (CGF 2020) qui harmonise la formation de policier au niveau suisse a été déployé. Le cursus s’en trouve étendu sur deux ans.

Avec le nouveau système, les aspirants de la gendarmerie et de la sûreté acquièrent les bases théoriques et pratiques de leur métier durant leur année de cours à Savatan. Cette première année est sanctionnée par l’Examen de capacité opérationnelle, sésame qui leur permet ensuite de rejoindre leur corps. Les aspirants, devenus Policiers en formation (PEF), sont alors placés sous la responsabilité de coachs qui sont eux-mêmes chapeautés par un mentor chargé de coordonner le suivi pédagogique. Ce n’est qu’au terme de la deuxième année, après avoir passé l’Examen professionnel, que les PEF obtiennent leur brevet fédéral.

Les coachs ont un rôle beaucoup plus actif que les parrains et leur mission a été formalisée. Ils donnent des feed-back et réalisent des entretiens d’évaluation. Sans compter que, comme les mentors, ils jouissent d’une formation pédagogique uniformisée sur le plan helvétique sous l’égide de l’Institut Suisse de Police (ISP). Par ailleurs, tous les coachs de la Police Cantonale ont bénéficié en sus d’un module de formation spécifique au coaching, organisé par la DRH.

Une brigade inédite à la sûreté

Sur la base des directives du CGF 2020, les corps helvétiques ont défini la manière dont ils allaient intégrer les PEF. A la sûreté vaudoise, l’option retenue est la création d’une entité opérationnelle propre destinée à l’encadrement des PEF : la Brigade de formation judiciaire (BFJ) qui a vu le jour le 1er juin de cette année. « Ce système est inédit en Suisse : la BFJ mène de vraies enquêtes sur lesquelles les coachs travaillent avec les PEF. Les affaires traitées sont très diverses, c’est un terrain d’apprentissage idéal », détaille Louis Dousse, inspecteur principal adjoint et mentor. Comme n’importe quelle entité à la sûreté, la BFJ assure une permanence hebdomadaire. Elle effectue en outre des missions d’appui ponctuelles au profit des autres entités du corps. La BFJ est composée d’un chef, d’un sous-chef, d’un mentor, de six coachs recrutés sur des bases volontaires ainsi que d’une secrétaire. Huit PEF ont rejoint la brigade en 2021 pour leur deuxième année de cursus.

Du côté de la gendarmerie

De son côté, la gendarmerie s’est appuyée sur une structure existante. Les PEF sont accompagnés au sein de la gendarmerie mobile et de la gendarmerie territoriale par les parrains de l’ancien système devenus coachs ainsi que par toute la chaîne hiérarchique. Les coachs sont supervisés par deux mentors rattachés à la Cellule formation. L’un a une orientation technique et s’assure que les directives fixées par l’ISP sont respectées en matière de suivi administratif et de tenue des délais notamment. L’autre porte une casquette « métier » et agit en soutien aux coachs, aux PEF et à la hiérarchie pour appliquer les instructions sur le terrain. Les mentors garantissent aussi que l’unité de doctrine est observée dans tout le canton afin que l’ensemble des PEF, au nombre de 22 cette année, soient soumis aux mêmes directives et mêmes contraintes. « Nous sommes convaincus que cette nouvelle organisation va fonctionner, mais nous sommes prudents, explique le capitaine Steve Demierre, chef formation. Rien n’est gravé dans le marbre et nous restons attentifs à toute amélioration que nous pourrions apporter à cette deuxième année de brevet. »